mercredi 14 mars 2012

Nouveau Maroc??

"RABAT (© 2012 Afriquinfos) - Selon le journal local de Larache (au Nord du Maroc), Al Massae, une marocaine de 16 ans s’est donnée la mort samedi dernier en ingérant de la mort-aux-rats. Elle a commis ce geste désespéré après avoir été obligée de se marier avec son violeur, de 10 ans son aîné."
En voilà une nouvelle réjouissante du nouveau Maroc, le nouveau pays de la démocratie, de la liberté et du respect des droits de l'homme. Ce nouveau Maroc offert par la grâce de sa "Majesté", et sa nouvelle constitution "Historique".
Jusqu'à quand nous entendrons des nouvelles comme celle-ci ? Quand est-ce que les femmes marocaines en particulier et l'ensemble des marocains en général retrouveront leur dignité ? Quand est-ce que nos enfants ne seront plus maltraités et par la société et par le système qui abuse de la société et de son ignorance?


Reprenons l'histoire depuis le début afin d'avoir une idée claire sur la société marocaine et le citoyen type.
Le calvaire d'Amina a commencé depuis un an, elle avait 15 ans lorsqu'elle a été violée, elle a caché son malheur pendant deux mois avant d'en parler avec sa mère, qui a gardé le silence à son tour avant d'alerter la gendarmerie qui lui a dit que le cas de sa fille doit être traité par le procureur du Roi à Tanger. Ce dernier a donc proposé à la famille la "solution" du mariage. Le violeur a refusé dans un premier temps avant que les autorités ne l'obligent à l'épouser. Ainsi, Amina rejoint la maison familiale de son mari-violeur, maltraitée par sa "belle-famille" et son "mari" elle en parle à sa mère qui comme toute bonne mère conseille sa fille de retourner à son "foyer conjugal" et d'être patiente. Amina vit 6 mois dans ce calvaire qui n'en finissait pas, et dont les autorités ne voulaient rien entendre (il fallait un certificat médical pour prendre en compte ses plaintes), elle a décidé de prendre une pastille de poison pour les rats afin d'attirer l'attention de sa famille et des autorités compétentes sur les sévices qu'elle subissait. Hélas, les secours sont arrivés trop tard pour pouvoir la sauver, elle a juste eu le temps d'expliquer son acte.
L'histoire d'Amina résume parfaitement, toute la pensée de notre société et du marocain X. Combien de filles ont eu le même sort qu'Amina et combien vivent encore sous la torture de leurs violeurs, de leurs maris ou de leurs familles, après être victimes de viols? Combien de filles se sont enfuies étant violées et devenues la honte de leurs familles? 
Contrairement à toute logique, au Maroc lorsqu'une fille est harcelée sexuellement, violée, abusée, elle n'est pas victime mais plutôt partie prenante de cet acte. Aux yeux des autres, c'est elle qui a declenché cet acte par son comportement, par sa façon de s'habiller, quoi qu'elle fasse cela devient la cause du viol qu'elle a subi. Ainsi, toute victime a peur de dénoncer son violeur, parce qu'elle craint les reproches de sa famille, et le déshonneur vis à vis de la société. Et encore quand une victime trouve le courage de porter plainte pour viol, rares sont les fois où sa plainte aboutit à un procès et une sentence. Souvent, la famille de la victime, du fait de leur ignorance et de la peur du déshonneur, et la famille du violeur, qui ne souhaite pas voir son fils en prison, trouvent un compromis, grâce à cette brèche ouverte par la loi :  le Mariage, le fameux acte de mariage qui fait table rase et permet aux familles de passer outre, et aux autorités d'alléger leur charge de travail (il y a des affaires plus importantes à traiter que de simples viols de mineures, arrêter par exemple les manifestants qui nuisent  au sommeil de nos chers gouvernants).
"Article 475 : (modifié, art. 1er de la loi n°24-03 promulguée par le dahir n°1-03 -207 du 11 novembre 2003 - 16 ramadan 1424 ; B.O. du 15 janvier 2004) Quiconque, sans violences, menaces ou fraudes, enlève ou détourne, ou tente d'enlever ou de détourner, un mineur de moins de dix-huit ans, est puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 120 à 500 dirhams.
Lorsqu'une mineure nubile ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui- ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l'annulation du mariage et ne peut être condamné qu'après que cette annulation du mariage a été prononcée."

Ce n'est pas d'une constitution qui a servi de brouillard pour "le printemps Arabe" que nous avions besoin mais de vrais lois qui protègent nos droits en tant que citoyens libres, qui préservent notre dignité et qui garantissent à nos enfants un avenir meilleur. Cette constitution ne répond en aucun cas à la voix du peuple qui    demandait son droit à la liberté et la dignité. Notre pays a besoin de valoriser ses jeunes, soigner ses malades et éduquer ses enfants. Jusqu'à quand nous allons servir aux gens cette soupe de lois accompagnée de coutumes, traditions et religion? Il faut arrêter d'endormir les gens avec ce mélange magique qui fait passer tous les excés. Est-ce que nous allons continuer à voir des enfants violés, abusés, maltraités et se taire? Combien de pédophiles, et de violeurs resteront en liberté sans que quelqu'un bouge un cil?   
Je suis consciente que nous ne pourrions pas tout changer en une fois, parce qu'il y a un cumul d'années d'ignorance à rattraper, mais nous sommes capables de faire table rase des lois qui permettent beaucoup d'excès et préparer un terrain sain pour le développement et l'émancipation de notre pays. Ils sont payés à faire quoi nos élus et nos hauts responsables?

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