mercredi 13 juillet 2011

De la musique..


J'ai envie de parler de musique un peu, et surtout d'une génération de musiciens marocains qui n'est pas très prise au sérieux par d'autres générations antérieures.
Durant la dernière décennie au Maroc et un peu plus avant, nous avons pu voir l'arrivée sur scène d'un nouveau genre de musiciens, un genre très différent de ce qui est connu dans la scène marocaine. Du rap marocain, à la fusion dans tous ses genres, avec des artistes qui ont su se démarquer chacun dans son genre musical, avec un style et des paroles fortes et surtout audacieuses, en abordant des sujets que nous n'avions pas l'habitude d'entendre dans des chansons marocaines. Nous sommes sortis des chansons qui racontent des histoires d'amour pour rentrer dans un monde de musique qui parle de la rue, des démunis, des citoyens de bases, une musique qui critique et qui pointe les responsables du doigt.

Chaque chanteur ou groupe le fait à sa manière, en étant vulgaire comme Bigg, ou avec des paroles drôles avec un humour marocain, et des expressions purement 'marocaines' comme Hoba Hoba Spirit (si j'ai donné comme exemple Bigg et Hoba, c'est parce qu'ils sont les plus connus et surtout qui représentent le mieux les différences de style).
Ces artistes ont créé un style, une façon d'être et de s'exprimer, et ils ont réussi à soulever des tabous que personne n'osait encore en parler, ils ont su s'affirmer avec leur musique et communiquer avec un large public à travers cette musique. Cependant, beaucoup de gens surtout les moins jeunes, pour ne pas dire les vieux, soit ils ne les connaissent pas, soit ils les considèrent comme des enfants, une vague de passage, une tendance à la mode et puis c'est tout. Mais ce que ces gens ne voient pas ou n'admettent pas, c'est que cette tendance est devenue une fierté de la nouvelle génération, beaucoup s'y identifient, et y voient une partie intégrale du nouveau Maroc qu'ils souhaitent voir un jour ( parce qu'on est encore 'un peu' loin de ce jour). 
Il est peut être temps de considérer ces artistes à leur juste valeur, et les voir en tant que vrais artistes et non seulement des jeunes qui veulent passer le temps et devenir célèbres. Non, ils sont présents en force dans la société marocaine, et ils méritent une plus grande reconnaissance, et surtout plus de respect. Une tendance ne dure pas aussi longtemps, eux ils sont là depuis plus que 10 ans, ils ont évolué, ils ont montré de quoi ils sont capables et ils ont encore beaucoup de choses à apporter à la musique et la culture marocaine. 
C'est peut être un peu gênant d'écouter Bigg en famille, même si ce qu'il dit nous l'entendons tous les jours dans la rue, nous le disons parfois entre nous, mais la pudeur marocaine ne nous permet pas d'entendre de telles choses en famille. Et puis certains parents ne voudront pas que leurs enfants écoutent ces chansons pour qu'ils n'apprennent pas les gros mots, mais ces mots ils peuvent les entendre dans des contextes plus vulgaires dans la rue. Et Bigg ne fait que refléter le langage quotidien répandu. Alors autant les entendre en musique, avec un message derrière que dans la rue avec une violence menaçante.
D'autre part, il y a Hoba Hoba Spirit, alors là il n y a aucune excuse pour ne pas les écouter en famille. Franchement, cela serait une expérience enrichissante pour les parents et les enfants : essayer d'écouter leur musique avec les enfants comme traducteurs quand cela devient compliqué pour les parents. Et là je suis certaine que les parents vont découvrir un style surprenant en musique et en paroles, et en même temps cela les aidera à s'approcher de l'esprit des jeunes et de leurs enfants. Surtout que les chansons de Hoba parlent de situations d'un quotidien que nous avons tous vécu un jour ou constaté dans la rue : la corruption ( Qadi hajtou), la prostitution (Najwa), monsieur connaît tout (Fhamator), la décadence des services publiques ( Supercaïd), l'immigration clandestine (L'hrig). Je peux continuer à citer toutes leurs chansons, mais je préfère vous laisser le plaisir de les découvrir, en famille, et vivre cette expérience, et je pense qu'à la fin vous seriez plus cléments envers cette génération, et vous comprendriez mieux notre langage, et surtout nos idées et nos rêves, nous la génération avec un esprit Hobawi et un caractère aussi khasser que Bigg ou plutôt furieux comme Muslim (Un rifi qui fait honneur aux gens du Rif, aussi direct) quand nous sommes poussés aux limites.

1 commentaire:

  1. Cette génération de musiciens je ne l'ai pas connu hélas..mais j'apprécie leur diversité...
    :)

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